jeudi 8 septembre 2016

Hunebelle, mémoire d'un haut lieu du vivre ensemble à Clamart.


Mémoire d'un haut lieu du vivre ensemble: la place Hunebelle et ses environs. Tous les clamartois y passent au moins une à plusieurs fois par an en ignorant tout de son histoire. Pourtant cet endroit, menacé aujourd'hui, a contribué à la renommée et au développement matériel et culturel de la ville. Cela commence à l'époque de la révolution française. Clamart retrouve le plein exercice de ses prérogatives communales, qu'elle avait perdues pour passer vers 1660 sous la juridiction de Meudon. Cette évolution se fait sentir dans le changement de nom: « Clamart sous Meudon » devint « Clamart le vignoble ». Un des combats importants des municipalités de l'époque fut de retrouver la maîtrise de l’aménagement de son territoire. Ce ne fut pas un combat facile. Une grande partie du territoire, le bois, mais aussi les champs communaux avaient été enfermés par un mur et annexés à une chasse royale qui s'étendait vers Versailles. En 1794, après plus d'une année de procédure, une parcelle dans un angle tout proche du village fut déboisée et on y déplaça le cimetière paroissial qui entourait l'église St Pierre St Paul. À la même époque, Clamart se débattait pour sa subsistance et son ravitaillement en blé contre les pénuries et la disette, mais c'est une autre histoire. Longtemps Clamart évoqua pour les Parisiens un lieu de déchéance, un cimetière de leur ville dépendant de l'hôtel Dieu où l'on enterrait tous les suppliciés. Seuls quelques riches avaient fait du village un lieu de villégiature. Tout change à partir de 1840, avec le chemin de fer. La notoriété de Clamart vint avec l'arrivée des parisiens dans notre forêt, facilitée par la proximité de la gare, première station depuis Paris. Tous les week-ends, les citadins à la recherche de plein air, de nature et de détente affluèrent. C'est la ruée vers le bois. Les uns grimpaient par les sentiers de la côte des moulins vers la porte de Clamart, l'actuelle place des gardes. Les autres allaient par un chemin plat, en droite ligne arrivant par une rue nouvellement percée. Cet accés tout proche du bourg fut progressivement aménagé. Vers 1870, une brèche fut percée dans le mur qui avait entouré la forêt, longtemps chasse royale. Avec la très rapide augmentation démographique, le cimetière de 1794 devint trop petit et à partir de 1869, il fut déplacé au Bois Tardieu. Cette décision libéra donc un espace qui devint une place qui finissait à l'entrée du bois : l'actuelle place Hunebelle . Elle se transforma vite en lieu de réjouissance, de déjeuner sur l'herbe, de rencontres, avec alentour, bars, guinguettes,et bals. Certains s'y installèrent, et devinrent des clamartois aussi attachés à l'esprit de clocher que les plus anciens. À cette époque donc, l'accueil massif d'étrangers à la commune, contribua à la prospérité de la ville naissante Rapidement, vers la fin du XIX°, la place devint importante pour la vie sociale de Clamart. Très vite, elle devint un lieu investi par les projets et les initiatives des clamartois comme la fête locale fin juin-début juillet. Des festivités locales y réunissaient une population éclatée en quartiers distants et en classes sociales opposées. Les fonctionnaires et employés souvent locataires de maisons de rapport près de la gare y côtoyaient les propriétaires des maisons cossues, les habitants de lotissements comme au petit Clamart, les exploitants des nombreux champs, prés, potagers, ou pépiniéristes et les ouvrier-e-s agricoles, carriers ou blanchisseurs. Le groupe soudé des villageois qui faisait souche depuis des siècles doit cohabiter avec une foule de plus en plus grande, venue d'ailleurs. Alfred Rastoul commente ainsi : « On peut donc dire que notre commune, à l'orée du XX° siècle, a perdu son unité ethnique à mesure que sa population augmentait". Clamart a donc déjà dans son passé surmonté les tensions d'une cohabitation avec une population différente. Ce lieu resta indemne des opérations immobilières qui sévissaient dans tous les coins de la commune. Tout au cours du XX° siècle, c'est surtout par la culture et l'éducation qu'elle continua à être un lien social important. Dés 1941 sur un terrain contiguë fut inauguré un stade scolaire transformé après la guerre en stade municipal, puis autour de la place, le conservatoire, une nouvelle maison des sports et enfin la salle des fêtes, au début du XXI° siècle. Pour parler d'aujourd'hui, l'historien citoyen s’efface et laisse la place au seul citoyen, interloqué par l'évolution que pourrait subir cet endroit. Pour remplacer une piste sportive usée par trente anées d'activité, le stade aérien serait détruit et laisserait la place, outre le terrain de rugby en extérieur, à un stade d’athlétisme en salle semi enterré, qui servirait à des compétitions de haut niveau en liaison avec la fédération française d’athlétisme. En dessous, trois étages constituant un véritable centre commercial souterrain de loisirs et de sport, avec bowling, centre de remise en forme et un parking géant de 400 places. Dans les gradins, un restaurant « panoramique ». Qu'est-ce qui dans ce projet apporterait de plus comme lien social pour l'ensemble de la commune ? Nos édiles sur ce point sont muets, et en escomptent une plus grande notoriété pour la ville et oublient, ce lieu le rapelle pourtant, que celle-ci vient d'abord de l'action des concitoyens. Ils restent hermétiques aux protestations des citoyens. Eux pourtant ont bien compris les conséquences. Un tel projet en y imposant un bunker profond de 20m, réelle menaçe pour l'équilibre hydrologique, casserait le lien ancestral symbolique mais aussi réel de ce lieu avec sa forêt. Cet endroit qui avait échappé aux promoteurs de lotissements ou d'immeubles de rapports au siècle dernier redeviendrait un terrain de chasse, mais pour affairistes, cette fois-ci. C. O.

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